France Est Trail : 2800 km entre la mer du nord et la mer méditerranée
Page Trekking modifiée le 22/06/2024 par Jeanne F.

A savoir à propos de cette activité
Informations et localisation
Département | Hauts-de-France :: Nord | Commune | Dunkerque |
Durée | 109 jours |
Départ | Dunkerque |
Niveau | Difficile |
Distance | 2800 kilomètres |
Dénivelé | 60000 mètres |
Itinéraire trekking
Né de l’envie de rallier la mer du nord à la méditerranée, à pied, seule et en autonomie ; le France Est Trail m’emmènera au travers de paysages aussi imprévisibles que magnifiques. C’est pourquoi, au moyen de ces quelques lignes, je souhaite vous conter mon aventure.
Ce projet débute, le 17 mai 2021, par une petite vingtaine de kilomètres le long de la plage entre Dunkerque et Bray dunes. Ce sera la première et seule fois que je verrais la mer avant Menton. Puis de longues journées, sur un relief très plat, m’accueillent jusque dans les Ardennes. Il faut les mériter les montagnes après tout. Champs, forêts, bocages sont autant de paysages que j’ai traversé ; et c’était parfait pour me mettre en jambes, m’habituer à porter 13 kg, marcher 30 km par jour et retrouver mes habitudes de bivouac. Et oui, une année de sédentarité m’a fait perdre mes réflexes de baroudeuse.
15 jours d'adaptation
Pendant 15 bons jours, les 20 premiers kilomètres étaient faciles, puis les pieds se mettaient à chauffer à partir du 25e et les jambes étaient en difficulté à partir du 30e... Ensuite, ça se déroulait au mental. Je sais, par habitude, qu’il me faut 1000 km pour me mettre dans ma randonnée au long cours, donc je profite de chaque instant sachant que ça ira mieux d’ici quelques jours. Ces premières centaines de kilomètres ne sont donc pas un mal. Ils me permettent de me remettre dans la marche, d’accepter l’arrivée des ampoules et les soigner, de profiter des fins de journée pour bouquiner, de reprendre la main pour monter ma tente, de récupérer des jambes douloureuses et de faire abstraction du dos ratatiné par un sac un peu lourd.
Les Ardennes françaises et belges (GR 16) viennent introduire le dénivelé qui m’attend bien plus tard dans ce périple. Et c’est très chouette d’avoir des vues sur la Semois et ses méandres. Les jambes suivent de plus en plus même dans ce type d’effort ; je me rassure à mesure que j’approche des massifs montagneux.
Le retour au, relativement, plat pays jusqu’à Wissembourg (Alsace) est agréable puisque les journées se rallongent et j’ai de moins en moins de difficulté à atteindre une petite 40aine de kilomètres par jour. Je reprends mon rythme, je vous l’avais dit, il me faut 1000 bornes pour me retrouver !
Les choses « sérieuses » commencent dès l’entrée dans le massif des Vosges, tout à l’Est de la France. Lors de ce début de GR 5, je me fais toute une montagne (c’est le cas de le dire) du dénivelé, car les gens sont alarmistes et je n’y suis pas insensible. Je ne sais plus combien de kilomètres je dois parcourir et si je vais réussir à marcher avec mon sac dans de telles conditions. Bref, je me crispe et n’arrive plus à penser. Il faut pourtant se lancer dans l’aventure… Ça fait 1200 km que je les attends ces massifs montagneux. Je prends donc sur moi (une première fois) et je me lance dans ce qui semble être le « début » de l’aventure.
Bienvenue dans les montagnes
Me voilà dans la montagne ! En vérité, c’est de la moyenne montagne et c’est très acceptable pour ce qui est du dénivelé. Je continue donc mes journées à plus de 35 km par jour, sous la pluie. Elle s’invite quotidiennement dans mes pérégrinations vosgiennes. Elle ne me lâchera pas, mais me permettra de prendre la mesure de la beauté du paysage même lorsqu’il ne ressemble pas à une carte postale. Les ruines de châteaux que je découvre au détour d’un virage, les vignes, les villages merveilleux, l’architecture, le patrimoine et les bretzels, font que je me régale. Au sortir d’une forêt brumeuse, je débute la route des crêtes. Et là, je dois bien avouer que je tombe amoureuse de cette région, bien que très humide.
Je finis la Grande Traversée des Vosges à Belfort où je rejoins la Grande Traversée du Jura. S’en suit la vallée du Doubs, sa forêt mousseuse et ses inondations… Dire que certaines personnes ont pu voir ce lit de rivière presque à sec. Je trouve ça extraordinaire que la nature puisse tant changer en l’espace de quelques semaines. Ces journées les pieds dans l’eau m’enchantent. Par contre les kilomètres sont d’autant plus difficiles que je ne sèche jamais et les ampoules se réinstallent. Mais c’est le chemin après tout, il faut l’accepter.
Puis je rejoins la bucolique partie du Jura faite de prairies boisées et d’élevages. Je me rends compte que j’aime ces paysages ronds et vallonnés. Ça introduit parfaitement la route des crêtes qui m’attend par la suite. Par chance, je prends, aussi, un plaisir fou à marcher le long de ces dernières (GR 9). Il faut souligner qu’il n’y a pas d’eau là-haut, je vous conseille de vous charger un peu (pour moi, ce fut 5L pour tenir une journée et demie, avec bivouac) avant la redescente vers des villages. Je découvre le bivouac en altitude, les premiers alpages et les premiers patous.
Arrivée à Culoz, il me faut retrouver le lac Léman. J’emprunte le GR 65 jusqu’à Genève. De là, je longe le lac et j’atteins St Gingolph, début août. À moi les Alpes!
Me voilà dans les Alpes
Alors là, autant vous dire que je suis terrifiée ! Je n’ai jamais marché en haute montagne, ni bivouaqué, ni même mangé dans un refuge… Comment je vais faire pour supporter les 1700 premiers mètres de dénivelé positif sur 13 kilomètres ? D’autant plus que les gens sont plus qu’alarmistes : « tu peux t’arrêter là si tu le veux », « tu vas t’attaquer au plus dur de ton chemin maintenant », « ce n’était rien jusque-là » ! Après 2000 km sur le chemin, je sors sérieusement de ma zone de confort pour me confronter à cette nouvelle aventure dans l’aventure.
Au final, j’attaque à 13h la montée et je la termine à 17h. C’était dur, mais pas infaisable. Et surtout, c’était magnifique ! Ma première nuit, je l’a passerai en refuge histoire de récupérer de ce premier effort qui me semblait irréalisable il y a encore quelques heures. Puis les journées s’enchaînent et je découvre la difficulté, certes, mais le bonheur d’arriver à un col et de découvrir une nouvelle vallée, de nouveaux reliefs et des profils tout à fait différents. C’est merveilleux cette diversité de paysages en l’espace de quelques heures. Bien que je fasse une bonne trentaine de kilomètres par jour et non loin de 1500 mètres de dénivelé positif (je vous épargne le négatif, il fait encore crisser mes genoux aujourd’hui), je ressens une joie immense à vagabonder dans ces montagnes. J’expérimente la difficulté à marcher, certes, mais tellement de plaisir que je ne vois pas passer les journées.
Les kilomètres passent, j’embrasse les massifs du Chablais, du Mont-Blanc, de la Vanoise, du Queyras, de l’Ubaye et du Mercantour. Toutes ces montagnes sont justes magiques car absolument toutes différentes les unes des autres. Même si je dois bien avouer ne pas être toujours très à l’aise avec ce type de paysage, par moment lunaire, je me régale d’avoir la chance d’y évoluer.
Mon premier sommet de plus de 3000 mètres
C’est avec beaucoup de motivation (et bien entourée) que je monte mon premier sommet à plus de 3000 mètres. J’y découvre le manque d’oxygène et l’attention qu’il faut porter à chaque pas et à chaque respiration. Mais quel plaisir de découvrir des paysages que seuls les marcheurs peuvent appréhender. Chaque jour, je me découvre une nouvelle capacité (ou une limite) et j’en suis époustouflée.
Un trek de 2800km
Et c’est ainsi qu’en 109 jours, 2 800 km et 60 000 m de dénivelé positif et négatif, je me retrouve à Menton, sous le soleil. Je l’ai fait ! J’ai réussi ce que je pensais impossible : rallier la mer du nord à la mer méditerranée, à pied. Beaucoup de joie et de larmes sur la descente, car je n’aurais jamais parié sur moi en partant pour un tel périple. Ce fut sincèrement difficile et l’émotion qui m’envahit à ce moment-là est incontrôlable, mais si belle.
Alors je vais humblement remercier mon corps qui a subi le sable, le plat, le goudron, les pavés, les chemins accidentés, les zones industrielles, les dénivelés, les névés, les pierriers, mais aussi la pluie, le déluge, la canicule, les piqûres de chenilles processionnaires, les ampoules, les bleus, les orages et le froid des derniers jours en altitude. Puis ma tête qui, au jour le jour, a tracé un chemin merveilleux de découvertes et de rencontres, qui m’a permis de dormir au chaud de temps en temps et de toujours avoir de l’eau et de la nourriture le reste du temps. Cette tête qui a la capacité de rebondir d’un itinéraire à un autre, de se faire confiance pour aller toujours plus loin et de porter de temps en temps ce corps meurtri pour qu’il puisse enfin se délasser dans la méditerranée.
Mais c’est grâce au soutien de mes proches, à leur venue ponctuelle, à leur partage, leur coup de téléphone, leur patience et leur bienveillance que j’ai pu arriver jusqu’à Menton. C’est aussi, à travers la gentillesse des gens rencontrés, m’ayant offert le gîte et le couvert, ayant pris le temps de me conseiller et de m’aider, que j’ai pu aller si loin. Cette expérience n’est pas hors du commun, elle fut dure, certes, mais réalisable ; armée de patience, de courage et de détermination, je peux aller où bon me semble. Et vous aussi. Il s’agit juste du récit d’une femme qui prend du plaisir à rencontrer l’autre, à se découvrir et à arpenter des paysages tous aussi merveilleux les uns que les autres.
J’espère que ces quelques lignes vous donneront, si ce n’est l’envie de partir, la perspective que c’est faisable.
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